Question pour un champion de la transition

  • Je représente à moi seul 41% des émissions totales de CO2 pour une famille française type (source ADEME)
  • Je génère plus d’émissions carbone que ton logement et tes transports réunis
  • Mon impact n’est pas le même d’une famille à une autre

Je suis, je suis, je suis…

… ton compte en banque !

En moyenne, pour une famille avec 2 enfants ayant 25000€ d’épargne et 25000€ sur le compte courant, cela représente l’équivalent de 35 tonnes d’émissions de CO2 par an.

« – Okay, c’est vraiment énorme ! Mais moi j’suis loin d’avoir autant d’argent sur mon compte donc comment savoir?
– Eh bien chaque euro placé émet entre 200g et 1kg de CO2. Donc par exemple si tu as 1000€ d’épargne au Crédit Agricole, tu émets environ 1 tonne de CO2 à l’année, soit autant que l’utilisation quotidienne d’une petite moto. »

Classement des banques selon leurs émissions

Calculette en ligne

Via le site www.epargneclimat.com/accueil tu peux très simplement calculer l’empreinte carbone de ton argent en renseignant uniquement le produit d’épargne concerné, le montant épargné et le nom de ta banque.

Comment notre argent est-il utilisé?

Les banques utilisent leurs ressources financières, essentiellement constituées des dépôts de leurs clients et de leurs actionnaires, pour financer l’économie locale, les multinationales, les États et les autres banques ainsi que pour spéculer sur les marchés dérivés.

Or elles utilisent essentiellement cet argent pour financer et investir dans des projets fortement émetteurs de CO2, aggravant ainsi la crise climatique.

Les Amis de la Terre lancèrent en 2005 la première campagne sur les banques et le climat, puis publièrent entre 2007 et 2009 un rapport, deux guides éco-citoyens et créèrent le site www.financeresponsable.org qui permet de retrouver le classement des banques et des informations sur les produits bancaires et d’épargne. Des années plus tard, les principales banques françaises ont adopté des politiques pour limiter les impacts environnementaux et sociaux de leurs activités ainsi que des mesures destinées à limiter leur empreinte carbone directe. Mais, si le climat est désormais au cœur de leur stratégie de communication, les banques françaises soutiennent toujours massivement les secteurs les plus émetteurs de carbone, à commencer par les énergies fossiles.

—> Dossier « l’empreinte carbone des groupes bancaires français » par le cabinet de conseil Utopies et l’association Les Amis de la Terre (2010)

—> Guide « Climat : comment choisir ma banque? » par Les Amis de la Terre (2015)

70% des investissements des banques passent dans les énergies fossiles.

Selon Oxfam, sur la période 2016–2017, les six plus grandes banques françaises ont consacré la majeure partie de leurs financements et investissements aux énergies fossiles : 62,5% ont été accordés au gaz et au pétrole ainsi que 8,5% au charbon, contre 19,6% pour les énergies renouvelables. Les 9,4% restants ont financé d’autres énergies telles que l’hydraulique et le nucléaire, détaille l’ONG, reprenant les données d’un rapport publié en novembre 2018.

Évidemment elles ne font pas ça juste sous notre nez !

Réalisant des activités de financement et d’investissement dans le monde entier, les banques françaises sont impliquées dans de nombreux projets controversés ayant un très lourd impact sur le climat. Les banques françaises soutiennent à l’étranger de nombreux projets énergétiques qu’elles ne pourraient appuyer en France en raison des risques légaux ou de réputation. Car à l’étranger, en particulier dans les pays moins développés, la législation environnementale est plus faible qu’en France ou que dans l’Union européenne.

Attention au greenwashing !

Afin de « verdir » leurs bilans, les établissements multiplient les annonces de retrait du financement d’industries polluantes. Mais au total, les sommes que les établissements bancaires engagent dans le financement de pétrole, de charbon ou de gaz, restent colossales. Selon les calculs des ONG, ce sont 1.900 milliards de dollars qui ont été drainés vers des projets d’énergies fossiles depuis l’accord de la COP 21. Un montant qui continue d’augmenter chaque année.

Depuis le début je n’évoque que les impacts environnementaux mais on peut aussi parler du financement de l’industrie de l’armement (dont l’arme nucléaire), d’évasion fiscale, de corruption, sans parler éthique, droits humains, droit du travail… Le site www.fairfinancefrance.org/ note les banques en fonction de ces critères.

Comment je peux agir ?

Les banques sont très opaques, pourtant la transparence est une condition préalable à des investissements responsables. A ce niveau, seule la Nef publie la liste des projets et des entreprises qu’elle soutient.

  • N’hésite pas à interpeller ton banquier pour obtenir des informations sur leurs pratiques et faire pression pour qu’ils évoluent. Plus nous serons nombreux à le faire plus les banques seront contraintes d’améliorer leurs pratiques. Il s’agit de ton argent, il est donc légitime de vouloir savoir comment il est utilisé.
  • Tu peux décider de placer ton argent dans des projets solidaires et responsables labellisés Finansol (cette courte vidéo explique très bien le principe de finance solidaire). Tu trouveras sur leur site (ici) la liste des banques et mutuelles qui proposent des livrets d’épargne solidaire. Tu peux aussi choisir d’épargner directement auprès de certains acteurs comme par exemple Énergie partagée, Terre de liens, dans une oasis via Coopérative Oasis (dont font partis nos amis de Grain&Sens) ou encore en passant par la plateforme Blue Bees qui propose (outre les dons) des prêts rémunérés.
  • Change de banque, fais jouer la concurrence, toutes les banques n’ont pas les mêmes pratiques.
  • Et enfin tu peux diffuser cet article autour de toi 😉

Il y a un an tu aurais aussi pu rejoindre un grand mouvement de désobéissance civile : Actions non violentes visant la Société Générale

Qu’avons-nous choisi?

J’ai réalisé l’importance de reprendre en main mon argent grâce à une vidéo de « Partager C’est Sympa ». Nous sommes tous les deux à la Banque Populaire, elle ne fait pas partie des pires mais elle n’est pas clean non plus. Lors d’un entretien avec notre conseiller je suis allée à la pêche aux infos en lui demandant ce que finance notre argent. Face à l’absence totale de clarté dans sa réponse ma décision était prise, mon épargne ira ailleurs!

En rentrant j’ai donc regardé du côté de la Nef et du Crédit Coopératif :

  • il n’y a pas d’agence, toutes les démarches se font en ligne ou par voie postale
  • 3 possibilités : ouvrir un livret d’épargne, ouvrir un compte à terme (compte où l’argent est bloqué sur une période définie, avec des taux de rémunération variable selon la durée) ou acheter des parts sociales (non rémunérées) pour participer à la vie de la coopérative
  • concernant le livret, il s’agit d’un placement pour lequel la somme déposée est disponible à tout moment, sans limite de durée, versement initial de 10€ minimum par virement ou chèque, retraits à tout moment par virement, pas de plafond, rémunération à taux fixe (0.10% par an), sans perte de capital, pas de frais d’ouverture ou de fermeture, pas de frais de gestion, fiscalité classique
  • la souscription est rapide, 10 minutes, à condition d’avoir sous la main en version PDF une pièce d’identité en cours de validité, un RIB, un justificatif de domicile de moins de 3 mois et un justificatif d’activité (dernier avis d’imposition ou de non imposition complet), souscription possible également par courrier
  • le véritable attrait est la possibilité de choisir l’orientation de son épargne parmi le secteur écologique, social ou culturel (ou décider de confier son affectation au gré de la Nef)
  • possibilité de faire don de tout ou partie de ses intérêts sur épargne
  • point négatif, il ne s’agit pas d’un compte courant classique, pas de carte bancaire ou de chéquier, on ne peut pas y domicilier ses revenus ni payer avec
  • la Nef propose des prêts aux professionnels et sous conditions aux particuliers, mais ne gère pas les rachats de crédits, regroupements de crédit et prêts immobiliers

Fair Finance France n’a identifié aucune activité controversée, mais reproche tout de même au Crédit Coopératif un petit manque de transparence, d’engagements ou de précisions sur certains aspects. Par exemple, sur le changement climatique : « Le Crédit Coopératif a peu d’impact sur l’environnement car il finance l’économie sociale et solidaire. Mais il ne publie pas les émissions de gaz à effet de serre générées par les projets et entreprises qu’il finance et n’a pas pris d’engagement visant à les réduire. »

Le Crédit Coopératif a tout d’une banque normale…même trop. Du coup j’ai farfouillé un peu sur les forums afin de recueillir des avis, et là c’est globalement mauvais. J’ai donc très vite abandonné cette piste ! Il y a une agence sur Valence, si tu y es j’suis curieuse d’avoir ton avis, n’hésite pas à laisser un commentaire.

Au final, pour mon épargne, j’ai fait le choix de la Nef car je suis susceptible à court terme d’en avoir besoin (ça aurait été pour du long terme j’aurai opté pour un placement solidaire et local). Quant à nos comptes courants ils sont pour l’instant toujours domiciliés à la Banque Pop. La réflexion est donc toujours en cours…

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