D’ici quelques jours, les annonces pour le « Black Friday » vont fleurir un peu de partout, jusqu’à polluer totalement notre quotidien les quelques jours avant la date fatidique. Vitrines, Internet, TV, radios, journaux, panneaux publicitaires… impossible de passer à côté. Et le jour J, de nombreux consommateurs se rueront dans les magasins et sur les sites de vente en ligne en pensant faire de bonnes affaires. Petite lueur d’espoir face à cette frénésie collective, certains résistent et proposent des alternatives à cette orgie matérialiste totalement incompatible avec la crise écologique que nous traversons.
Depuis quelques années, la grande distribution et les marques tentent d’imposer la mode du « Black Friday » en France, et ça marche ! Importée des États-Unis, cette « fête de la consommation » a lieu le lendemain de Thanksgiving.
Origines
Thanksgiving est probablement la fête la plus attendue aux États-Unis avec Noël. Historiquement, il s’agissait de célébrer les bonnes récoltes, garantie de la survie des premiers colons américains, par un remerciement collectif. Aujourd’hui, la fête est devenue une occasion de se réunir en famille et entre amis, de partager un repas traditionnel ou de faire de bonnes actions. Mais cette période représente aussi une débauche de consommation démultipliée par le « Black Friday » qui existe depuis plus de 50 ans déjà et marque le début de la saison des achats de fin d’année. Cette fête est ainsi devenue la plus importante en terme de consommation après Noël.
Ce n’est qu’en 2013 que le phénomène fait sa première apparition en France. En 2016, les Français ont dépensé 735 millions d’euros en ligne et 4,3 milliards d’euros en magasin en quelques heures. Selon le Webloyalty Panel, qui regroupe plus de 30 sites e-commerce, une forte hausse a été constatée entre 2017 et 2018 : +34% des commandes en ligne pour le seul jour du vendredi, un chiffre qui monte jusqu’à +347% si on compare les résultats avec 2014.
En 2018, le « Black Friday » a enregistré des records au point d’être devenu la semaine durant laquelle la France consomme le plus.
Alors que les commerces sont de plus en plus nombreux à suivre la mode américaine, c’est bien le consommateur qui se fait avoir, poussé à acheter toujours plus de biens matériels, bien en delà de ses besoins et même de ses véritables envies.
Désastre écologique, le poids caché des produits
Notre planète est au bord de l’effondrement à cause de nos modes de vie occidentaux et cette journée est une ode à la surconsommation. « En France, on consomme trois fois plus de ressources que ce que notre planète peut donner », expose Flore Berlingen, directrice de l’association Zero Waste France. Et acheter des produits neufs (que ce soit des vêtements, de l’électronique ou des meubles) nécessite l’extraction, l’exploitation et le transport de matières premières.
En effet, les produits achetés ont « un poids caché », méconnu des consommateurs. On ne se rend pas assez compte de ce qu’il y a avant l’achat. Dans une infographie, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME) a détaillé ce que pèsent réellement sur l’environnement les objets du quotidien. Selon leurs données, une maison française compte en moyenne 2,5 tonnes d’objets accumulés, soit le poids d’un hippopotame. Mais pour fabriquer tous ces objets, il a fallu en moyenne extraire 45 tonnes de matières premières, le poids de huit gros éléphants. Autre exemple, rien que pour les quelques grammes de minerais qui se trouvent dans les puces de Smartphone, « il faut excaver 200 kg de matière ». Dernier chiffre (tout aussi préoccupant), en moyenne chaque personne possède 51 kg de vêtements, mais cela représente 1,3 tonne d’émission de CO2.
Et les millions d’achats effectués durant ce week-end ne seront pas le seul scandale écologique. La publicité mise en place pour l’événement a un fort impact sur la planète, de l’impression des affiches, des étiquettes, à l’envoi massif d’e-mails pour annoncer les promotions. Sachant que, selon un rapport de l’ADEME, un mail d’un méga-octet (1 Mo) émet 15 g de CO2.
Céder aux sirènes du « Black Friday » c’est aussi contribuer au dépérissement des commerces locaux au profit du tout industriel… Arrêtons-nous un instant pour nous demander à qui profite vraiment cette journée ? « À Google et à Amazon principalement. On se fait imposer une date et une opération par ces grandes entreprises états-uniennes, alors qu’elle n’a aucun sens ».
Autant les soldes permettent de déstocker au moment des changements de collection, autant ce « vendredi noir » n’a d’autre utilité que de vendre plus.
Les commerces multiplient les artifices commerciaux et les incitations psychologiques pour convaincre les consommateurs. Alors que ces derniers peuvent avoir le sentiment de faire de bonnes affaires en achetant des produits à « prix cassés », en réalité les enseignes surfent sur le buzz pour réaliser des bénéfices records et faire tourner la machine à produire mondialisée.
Attention aux fausses promotions
« Ce genre d’opération pousse à l’achat compulsif, irraisonné, fondé sur l’effet promotion. »
En ce qui concerne les sites de vente en ligne, cet effet d’aubaine a été démenti en 2015 par une étude de l’association de consommateurs UFC Que Choisir. Les milliers de relevés de prix effectués sur divers sites Internet montrent que les rabais accordés n’étaient en effet que de quelques euros. Et pour montrer que rien n’a changé depuis cette étude, voici ce qu’ils annonçaient en 2018 : « le Black Friday n’a pas officiellement commencé que déjà les fausses promotions pleuvent. Il nous a suffi de passer quelques minutes […] sur les principaux sites marchands pour dénicher une multitude de fausses bonnes affaires » (ils citent quatre exemples assez parlant avec les prix affichés avant par ici et après par là). Leur expérience montre qu’au-delà de 10 ou 20% de remise, les offres sont rarement véridiques.
Les alternatives
Heureusement la résistance s’organise pour promouvoir les modes de consommation alternatifs et plus respectueux. Il s’agit non seulement de mieux consommer mais aussi de moins consommer en fonction de ses besoins réels et de prendre conscience des conséquences sociales et environnementales de nos comportements individuels et collectifs. C’est aussi entrer en résistance contre les techniques marketing qui nous incitent à nous sentir dans l’insatisfaction perpétuelle.
Pour Zero Waste France, c’est l’occasion de promouvoir une économie circulaire, autour de la « règle des 5R » : refuser, réduire, réutiliser, réparer, recycler. « Réduire ses achats de produits neufs et acheter des produits déjà en circulation en priorité ». Location, troc, mutualisation, don…les alternatives sont nombreuses.
Le réseau Envie, qui regroupe une cinquantaine d’entreprises sociales en France spécialisées dans la réparation et le recyclage, espère quant à lui donner une nouvelle utilité à cette journée, rebaptisée « Green Friday ».
Et toi alors, succomberas-tu au « Black Friday »???
Sources : mrmondialisation.org – www.ladepeche.fr – www.ouest-france.fr – reporterre.net
Tu as lu cet article en diagonale? Alors cette vidéo de Partager c’est sympa est faite pour toi! —> L’antidote pour éviter de se faire pigeonner…
Pour ceux étant dans la région de Valence…
Voici l’occasion de découvrir et tester plusieurs alternatives citées dans cet article 😉




