Très tôt, dans notre démarche zéro déchet, nous sommes passé·es aux savons et shampoings solides, et c’est un bonheur ! Jamais nous ne reviendrons en arrière. Trouver une savonnerie artisanale n’a pas été un problème (ça pousse comme des champignons depuis quelques années!!!), il y en a pour tous les goûts, de toutes les couleurs, toutes les formes et tous les parfums. Pour le shampoing ça a demandé un petit peu plus de recherche. Mais reprenons tout d’abord les bases…
Saponification à chaud vs saponification à froid
Le terme de « saponification » désigne la réaction chimique entre une solution basique (comme la soude caustique) et des huiles et beurres végétaux, c’est ce qui permet la fabrication du savon. Cette réaction chimique peut être réalisée à chaud ou à froid.
> La saponification à chaud est le processus traditionnellement utilisé pour la confection du savon de Marseille et du savon d’Alep. La pâte du savon est chauffée afin d’accélérer le processus de saponification, elle est ensuite « nettoyée » plusieurs fois afin d’éliminer les impuretés et enlever la glycérine issue de la saponification. Ce procédé fait perdre de leurs propriétés aux différents ingrédients.
> La saponification à froid permet au contraire de préserver tous les bienfaits et toutes les propriétés des huiles. Il a l’avantage de nourrir la peau et de laisser un voile protecteur sur celle-ci au moment de la douche grâce à… la glycérine !! La méthode artisanale de la saponification à froid consomme également peu d’énergie et rejette peu d’eaux usées dans la nature.
La glycérine végétale constitue un agent émollient et hydratant. Elle permet à la peau de garder ses réserves d’eau, de l’adoucir et la nourrir. Aucun effet de tiraillement avec les savons à froid ! Ils conviennent donc à tous les types de peaux, même les plus sensibles (privilégier cependant les savons surgras).
Que valent les savons du commerce classique ?
Attention à leur composition !
Pour produire à grande échelle, les industriels utilisent encore un autre procédé, beaucoup moins éthique ! Les savons sont formés à partir de bondillons, une pâte de savon qui vient de l’autre côté de la planète (90% des pâtes à savon proviennent de Malaisie) obtenue en mélangeant une huile pas chère (palme ou coprah) avec de la soude caustique. De cette réaction chimique émerge donc la glycérine que les industriels décident d’extraire et de revaloriser dans des crèmes cosmétiques. La pâte de savon est ensuite enrichie d’ingrédients plus nobles qui seront largement valorisés et surexposés sur le packaging.
La plupart des savons vendus dans les grandes surfaces sont composés de tensioactifs chimiques ainsi que de conservateurs et fragrances synthétiques. Et ne contiennent donc pas de glycérine végétale.
Les applis qui peuvent t’aider
Comme il est aussi facile de décrypter une liste d’ingrédients (INCI) que des hiéroglyphes égyptiens, je te conseille de t’aider d’une application mobile qui te permet à partir d’une simple photo de comprendre la composition d’un produit. Au choix, tu as Yuka (plus connu pour les produits alimentaires), Clean Beauty et INCI Beauty. Fais le test avec les produits de ta salle de bain, certains résultats pourraient te surprendre…
Pour aller plus loin : « On a comparé pour vous : Yuka, INCI Beauty, Clean Beauty«
Pourquoi préférer le savon solide ?
Le conditionnement
Il est très facile, en s’approvisionnant auprès d’un artisan savonnier ou dans un magasin vrac, de trouver des savons sans aucun emballage, ou au pire avec un emballage en carton (exit les savons emballés dans du plastique!). Les flacons de gel douche, même s’ils sont recyclables, demandent énormément de ressources pour les produire ou pour leur recyclage.
Plus sain pour la peau et l’environnement
Il suffit de comparer la composition d’un gel douche avec celle d’un savon artisanal pour le comprendre. Je pars désormais du principe que plus la liste des ingrédients est courte, mieux c’est. Ça peut être un bon indicateur quand on y comprend rien !
Dans les gels douche, on peut noter l’ajout de substances chimiques non biodégradables qui ont de quoi inquiéter. Exemple du formaldéhyde, un produit irritant classé depuis 2004 comme « substance cancérogène avérée pour l’homme » par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC). On trouve aussi beaucoup de conservateurs tels que les parabènes, perturbateurs endocriniens potentiels*, utilisés contre le développement de bactéries et de champignons. Alors qu’un bon savon se conserve très bien, il n’a donc besoin d’aucun conservateur, donc pas de substance toxique.
*Les perturbateurs endocriniens sont des substances qui dérèglent le fonctionnement hormonal des organismes vivants et peuvent entraîner ainsi des effets néfastes sur la santé et l’environnement.
Plus économique
Alors que la durée de vie d’une bouteille de gel douche dure rarement plus d’un mois, un pain de savon épais peut durer bien plus longtemps, pour un prix de revient bien moindre (pas étonnant quand on sait que le gel douche contient essentiellement de l’eau!). Se laver avec un gel douche serait au moins trois fois plus cher que d’utiliser un savon solide. On peut ainsi profiter des économies réalisées pour privilégier les savons bio, parfois plus chers à l’achat mais bien meilleurs pour la santé !
Fabriquer son savon soi-même ?
C’est possible, mais perso j’ai décidé de ne pas le faire. D’une part par gain de temps, parce que j’ai plaisir à me rendre à la savonnerie, et surtout parce que ça demande plus d’expérience, de préparation et surtout de prudence !
La soude ou la potasse, nécessaires à la fabrication du savon, sont des produits caustiques qui peuvent attaquer la peau, les yeux et les vêtements. Il est donc impératif de porter un équipement de protection (gants et lunettes), et respecter les règles de sécurité requises.
Chaque huile ou beurre végétal possède un indice de saponification propre. Celui-ci désigne la quantité de soude ou de potasse nécessaire à sa transformation totale en savon. Des calculs minutieux sont indispensables pour éviter d’obtenir un savon caustique qui provoquerait de graves irritations. Il faut également connaître et maîtriser d’autres notions, comme le taux de surgraissage, la présence de la trace, …
Je préconise donc de ne pas se lancer à l’aveuglette dans ce genre de préparation !
Les shampoings solides
Le shampoing solide est fabriqué à partir de tensioactifs doux souvent dérivés de la coco. A noter que la détergence est beaucoup moins forte que les tensioactifs agressifs utilisés dans les shampoings conventionnels. Les tensioactifs représentent 90% de ce qu’on attend d’un shampoing (rinçabilité, douceur, mousse) et les additifs naturels (huiles, beurres végétaux, poudres) font le reste, tout est une histoire de dosage.
Maintenant, regarde la composition d’un shampoing conventionnel par curiosité…
Pour le reste c’est exactement la même chose : zéro déchet, meilleur pour la santé et l’environnement, plus économique.
Le shampoing solide se présente la plupart du temps comme un galet, un cube ou un cannelé, car il est moulé. On le frotte sur les cheveux mouillés pour le faire mousser, et on l’utilise ensuite comme un shampoing classique. On peut aussi le faire mousser dans les mains et pratiquer ensuite un massage de la tête pour laver les cheveux (à noter que le pouvoir moussant d’un shampoing solide varie en fonction de sa composition et donc d’une marque à l’autre). C’est un shampoing très efficace car il lave aussi bien qu’un shampoing liquide, et il peut être adapté à tous les types de cheveux, même les cheveux gras ou cheveux colorés.
On trouve plus facilement les shampoings solides en vente dans les épiceries bio et/ou vrac (les savonneries artisanales n’en proposant pas toujours). N’ayant trouvé un shampoing qui me convienne parmi les marques vendues en magasins bio, je me suis longtemps tournée vers la vente par Internet, mais depuis peu j’ai trouvé mon bonheur en pharmacie avec la marque Lamazuna. Il faut en tester plusieurs pour trouver celui adapté à sa nature de cheveux.
Les labels

Si tu cherches un savon ou un shampoing solide de qualité, tu peux faire confiance à la mention « Slow Cosmétique » qui garantie une formule sans huile de palme non durable et sans dérivés pétrochimiques ou plastiques. Ce sont des marques expertes du zéro déchet, et très engagées pour l’environnement.
C’est un exemple, il en existe plein d’autres :

Les points négatifs
Car en cherchant bien on en trouve toujours !
- Certains ingrédients entrant dans la composition des savons ou shampoings solides peuvent venir de loin, mais bon finalement c’est le cas pour tous les produits. A moins de se laver à l’eau claire et pratiquer le no-poo, je n’ai pour l’instant pas de solution…
- Le question épineuse des tensioactifs dans les shampoings… Par exemple : le Sodium Cocoyl Isethionate (SCI) est un tensioactif doux dérivé d’huile de coco utilisé dans la majorité des shampoings solides; il est composé à 86% d’huile de coco et à 14% d’acide iséthionique et d’oxyde d’éthylène, composé toxique pour l’homme et l’environnement. Le problème intervient surtout au moment de la fabrication qui doit être minutieuse, pour s’assurer qu’il n’y a plus de traces d’oxyde d’éthylène dans le produit final, et le fabricant ne doit pas rejeter de résidus d’oxyde d’éthylène dans les sols ou les eaux usées.
- Le savon encrasse les tuyauteries à cause de la glycérine qu’il contient (et d’autant plus s’il est surgraissé). Pas de panique ! La meilleur façon de déboucher une canalisation est d’y « balancer » de l’eau bouillante en grosse quantité. Genre l’équivalent de 5 gros faitouts si la canalisation est vraiment bouchée. Le mieux étant un entretien régulier avec 1 bouilloire d’eau bouillante dans chaque évacuation tous les mois.
- La galère pour se laver les cheveux quand il n’en reste que des miettes ! Autant les petits bouts de savon j’arrive à les recycler en savon liquide, autant les petits bouts de shampoing j’essaie de les utiliser jusqu’au bout !
Voilà, j’espère que cet article t’aura éclairé et surtout qu’il te motivera à passer aux savons et shampoings solides, ne serait-ce que pour ta santé !
Je t’invite maintenant à aller lire l’article « Savonneries artisanales » pour dénicher de bonnes adresses 😉

Bravo,
Encore un excellent article !! Je vais donc m’empresser de suivre tes conseils , merci