Le tri de nos déchets

Augmentation du nombre d’habitants, changement des modes de consommation, augmentation de la production de déchets… En réponse aux difficultés rencontrées par les collectivités chargées du traitement, le recyclage est apparu comme l’une des solutions au début des années 1990. Depuis, le tri est entré dans notre quotidien, mais avons-nous toujours conscience de l’importance de trier nos déchets ?

Qu’est-ce que le tri ?

Le tri des déchets regroupe toutes les actions consistant à séparer et récupérer les déchets selon leur nature pour les valoriser et ainsi réduire au maximum la quantité de déchets ménagers non recyclables.

À quoi ça sert ?

Lorsque tu tries un déchet, tu permets son recyclage ou sa valorisation. Le déchet devient alors une ressource. Si cela peut paraître contraignant, il faut comprendre pourquoi c’est si important de recycler ses déchets. Voici les principales raisons :

1. Économiser les ressources naturelles

Recycler le carton évite l’abattage de milliers d’arbres chaque année, recycler le verre permet d’économiser du sable, recycler le plastique réduit la consommation de pétrole, recycler l’aluminium permet de réduire l’extraction de boxite (une roche riche en alumine Al2O3 et en oxydes de fer).

Au lieu d’extraire de nouvelles ressources, on utilise de la matière existante pour produire de nouveaux objets et emballages.

2. Économiser l’énergie

Un emballage consomme plus d’énergie lors de sa fabrication que lorsqu’il est recyclé. Le tri sélectif permet donc de faire des économies d’énergie et d’eau.

3. Réduire les gaz à effet de serre

La fabrication d’un emballage émet aussi plus de gaz à effet de serre, ce qui contribue au dérèglement climatique.

4. Développer l’emploi dans sa région

Selon un rapport de l’Institut de l’économie circulaire, publié en 2015, le recyclage, le reconditionnement, la réparation des objets en fin de vie, la réutilisation des matériaux et aussi la conception écologique des produits permettraient la création de 440 000 emplois en France d’ici 2030. Des emplois très divers, du technicien au poste d’ingénieur.

5. Économiser sur le coût des déchets

Enfin, le recyclage permet de faire des économies sur le traitement de nos poubelles, puisque enfouir les déchets est très coûteux. Envoyer nos matières à l’enfouissement coûte 50 % plus cher que de recycler.

Sommes-nous au top niveau tri ?

Pas vraiment… Actuellement, plus de 3/4 des déchets dans nos poubelles d’ordures ménagères n’y ont pas leur place. Ils pourraient être valorisés en étant mieux triés, compostés ou apportés aux bons endroits. Quand tout est mélangé, on ne récupère rien ! Les déchets sont alors brûlés ou mis en décharge.

Source ADEME

>Les papiers et emballages : dans les bacs de recyclage !
Cellulose, plastique, métaux, verre… ces matières peuvent être recyclées pour fabriquer de nouveaux produits. En plus, depuis l’extension des consignes de tri, tous les emballages plastiques sont recyclables (bien lire les consignes de tri de sa commune).

>Les déchets de cuisine et de jardin : au compostage ou dans les bacs de biodéchets.
Le premier réflexe est bien sûr de ne pas jeter des aliments encore consommables (restes de repas, fruits abîmés…). Tout ce qui reste (épluchures, parties abîmées, déchets verts…) peut ensuite être valorisé en fabriquant du compost, un engrais 100 % naturel et gratuit. Diverses solutions existent : le compostage domestique en habitat individuel, un peu plus technique mais utilisable en appartement le lombricomposteur ou le « bokashi », ou encore le compostage de pied d’immeuble ou de proximité qui exige un peu d’organisation pour sa mise en place et son suivi. Certaines collectivités choisissent de collecter séparément les biodéchets, et de réduire la fréquence de collecte des déchets résiduels.

Que dit la loi ?

La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, adoptée en août 2015, contient des dispositions relatives au tri :

  • étendre les consignes de tri des emballages ménagers à l’ensemble des emballages en plastique d’ici 2022, dont les films et barquettes en plastique (jusqu’ici, seules les bouteilles et les flacons en plastique devaient être triés) ;
  • généraliser le tri à la source des biodéchets d’ici 2025 : chaque Français disposera d’une solution de tri de ses déchets de cuisine et de table, afin que ceux-ci puissent être valorisés ;
  • déployer la tarification incitative pour l’enlèvement des déchets ménagers et assimilés, c’est-à-dire introduire une part variable dans la taxe d’enlèvement des ordures ménagères pour récompenser les bons trieurs (objectif : 15 millions d’habitants couverts en 2020, 25 millions en 2025, contre 5 millions en 2015) ;
  • harmoniser progressivement les consignes de tri et les couleurs des poubelles d’ici 2025 : il sera alors possible d’identifier plus facilement le bac ou le conteneur approprié, partout en France.

Les limites du recyclage

La collecte et le recyclage restent partiels

D’une part, on ne récupère pas 100% des déchets. Produits perdus dans la nature, pollués, stockés un peu partout dans nos maisons, non triés et incinérés ou enfouis, désagrégés sous forme de petits morceaux…

D’autre part, on ne recycle pas tout ce que l’on collecte. Certaines filières n’existent pas ou ne sont pas considérées comme efficaces ou rentables. Par exemple, les plastiques d’emballage ménagers (bouteilles, films,…) ont un taux de recyclage de 42% en Europe. Le taux de collecte et de recyclage est bien meilleur pour les autres matériaux comme le verre, le métal ou le papier-carton.

Certains éléments sont difficiles à récupérer

Pour certains produits, on a beaucoup de mal à récupérer leurs éléments pour les recycler. C’est typiquement le cas des produits électroniques, qui utilisent de très nombreux éléments en très petites quantités, difficiles voire impossible à séparer pour les récupérer.

Très souvent, le recyclage est si difficile – quand il n’est pas impossible – qu’il est moins cher d’acheter des matières premières « neuves » que des recyclées.

Les pertes lors du processus

Comme tout processus (fabrication, traitement…), il y a des pertes lors du recyclage. Une tonne de plastique collecté ne permet jamais de produire une tonne de plastique recyclé.

Certains produits sont difficiles à recycler

Idéalement, il faudrait fabriquer des produits qui sont facilement recyclables. Or, dans les faits, les recycleurs doivent généralement se « débrouiller » pour recycler ce qu’ils reçoivent : des emballages multimatières impossibles à séparer, des éléments collés, contaminés par ce qu’ils ont contenu (le carton de la pizza, le plastique ayant contenu des produits d’entretien), des emballages qui contiennent des adjuvants qui perturbent le recyclage, etc…

Les matières recyclées sont parfois de moins bonne qualité

Les métaux et le verre se recyclent très bien. On peut refaire des pièces métalliques ou des bouteilles en verre de même qualité qu’à l’origine. Par contre, on n’arrive pas encore vraiment à fabriquer des bouteilles en plastique à base de 100% de déchets de bouteilles en plastique.

Le recyclage sous forme d’objets non recyclables

Le comble est atteint quand on recycle des bouteilles en PET en pulls par exemple. Certes, c’est mieux que d’utiliser du plastique « neuf » mais le pull en question n’a pas de filière de recyclage. Du coup, la boucle est vite terminée. Au final, la matière n’aura été  recyclée qu’une seule fois.

Le processus de recyclage a aussi des impacts sur l’environnement

Transport des déchets, tri, broyage, nettoyage, fusion des matières sont autant d’étapes qui ont un impact écologique. Comme tout processus, il y a une consommation d’eau, d’énergie, de matières et donc pollution de l’air, de l’eau et émission de gaz à effets de serre.

Comme évoqué plus haut, recycler a souvent moins d’impact que produire une matière « neuve », mais cela ne veut pas dire que le processus est neutre. Par exemple, le verre se recycle très bien mais le processus est très énergivore, ou encore le papier recyclé est préférable au papier neuf, mais peut s’avérer moins écologique si l’énergie nécessaire au recyclage provient de sources non renouvelables.

On exporte beaucoup de déchets

Si une partie de nos déchets est recyclée en France, une autre partie est exportée. Parfois au sein de l’Union Européenne, parfois en-dehors, dans des conditions souvent peu claires voire carrément mauvaises.

Beaucoup de nos déchets plastiques étaient envoyés en Chine, mais la Chine a revu ses critères de qualité pour l’importation et n’en veut plus. Faute d’infrastructure de recyclage, de nombreux pays, comme les États-Unis, se retrouvent parfois à devoir incinérer des plastiques pourtant triés par leurs habitants. Le plastique n’est pas le seul concerné. L’Europe exporte encore beaucoup de déchets électriques et électroniques, dont 80% vers l’Afrique.

Entre les ordures ménagères, les conteneurs de tri et les déchèteries, un Français produit chaque année 568 kg de déchets. C’est beaucoup ! Tout ou partie de ce que l’on utilise deviendra, à terme, un déchet.

Trier nos déchets, pour leur permettre d’être recyclés, est indispensable. Mais même si les processus de recyclage s’améliorent, le meilleur déchet reste celui qui n’existe pas. Réduire la quantité de nos déchets, voilà la priorité ! Le recyclage vient alors en solution pour les déchets que l’on ne sait pas éviter.


Pour aller plus loin :


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