Les biodéchets sont constitués des déchets alimentaires et des autres déchets naturels biodégradables. Ils représentent 125 kg/hab./an et 40 % du contenu de la poubelle. La bonne nouvelle, c’est qu’ils peuvent en grande partie être traités directement à domicile. Aujourd’hui, plusieurs solutions et méthodes de compostage s’offrent à nous, que l’on ait un jardin ou que l’on habite en appartement. Petit tour d’horizon en faisant le point sur les avantages et les inconvénients de chaque méthode. Après la lecture de cet article, il ne restera plus qu’à faire son choix 😉
Les bonnes raison de composter :
- Réduire ses déchets : Le compostage à domicile représente un enjeu important de la réduction des déchets puisque les déchets compostables représentent plus du tiers de la poubelle d’ordures ménagères (réduisons le gaspillage alimentaire -> lire l’article à ce sujet).
- Obtenir un engrais naturel et gratuit : Le compost contribue à enrichir la terre, nourrir le sol et les végétaux.
- Réduire les coûts : Composter c’est moins de déchets à transporter et à traiter (1 tonne de déchets incinérée coûte 150€ alors que 1 tonne de déchets compostée coûte 0€!), cela implique donc une économie du coût de gestion des ordures ménagères résiduelles de 30% en moyenne, sur les coûts post-exploitation des centres d’enfouissement/d’incinération, les capacités de stockage économisées, les déchets sur les routes…
Les préjugés ont la vie dure :
- « Le compostage ça sent mauvais » : Le processus de compostage a besoin d’oxygène pour se faire correctement, sans oxygène il peut y avoir de mauvaises odeurs (dégagement de sulfure d’hydrogène qui sent l’œuf pourri), un compost bien géré et bien aéré ne sent donc pas mauvais, il sent l’humus, le sous-bois.
- « Le compostage ça attire les rats et autres animaux indésirables » : Le compost n’attire pas particulièrement les rats, mais s’il y en a à proximité (présence de rivière proche), ils peuvent venir « se mettre au chaud » dans le composteur, il convient alors d’installer du grillage au fond du composteur et d’entraîner son chat à chasser 😉
- « Dans le compost, il y a des animaux « dégoûtants » et nuisibles au jardinier » : Les vers de fumier, cloportes, champignons, … sont effectivement présents dans les composteurs mais ils sont là naturellement et sont indispensables au processus, ils ne sortent pas du compost et n’endommagent donc pas les cultures.
Comment ça marche ?
Le compostage est une opération durant laquelle des déchets organiques sont dégradés dans des conditions contrôlées, en présence de l’oxygène de l’air et d’humidité, par l’action conjuguée des bactéries, champignons, micro-organismes et macro-organismes. Le produit est transformé en « humus » riche en éléments nutritifs, qui peut être intégré au sol afin de l’enrichir (NB : différence entre compost et humus : le compost résulte d’un processus de transformation ayant pour origine l’humain, alors que l’humus résulte d’une transformation naturelle).
Les grands principes du compostage
- Alterner les déchets secs carbonés (brindilles, feuilles mortes, carton…) avec les déchets humides azotés (tontes fraîches, fruits abîmés, épluchures…). Les premiers compostent lentement et assurent une structure lâche et aérée au compost. Les seconds se dégradent rapidement et apportent eau et nourriture aux décomposeurs.
- Aérer, brasser pour permettre à l’air de circuler et oxygéner les micro-organismes, surtout durant les premières semaines du compostage. Un manque d’air freine la décomposition et peut devenir source de mauvaises odeurs.
- Surveiller l’humidité, car en cas de dessèchement, l’aération n’est pas possible, les micro-organismes meurent et le processus s’arrête, il faut donc arroser le tas et/ou apporter des déchets humides. En cas d’humidité excessive, il sent mauvais, la température du tas baisse et freine la décomposition, il faut donc ajouter des matières sèches (sciure, feuilles mortes…) pour l’aérer et relancer la transformation.
Choisir sa solution de compostage (avec jardin privé)
Chaque solution a ses avantages et ses inconvénients. Les critères qui pourront vous guider sont la place disponible, la quantité de déchets biodégradables, le temps à consacrer à cette activité… Quel que soit votre choix, l’important est de bien suivre le processus de compostage. Selon la méthode employée, la composition des déchets et les soins apportés, l’ensemble du processus dure 6 à 18 mois environ.
Le compostage en tas
Cette technique consiste à regrouper les déchets directement sur le sol afin de former un tas d’une hauteur variable.
Avantages :
- Ne coûte rien, demande peu de temps d’investissement.
- Aucune contrainte de volume.
- Facilité du suivi car déchets toujours accessibles et visibles.
- L’aération naturelle est souvent importante et limite ainsi les risques d’asphyxie.
Inconvénients :
- Le tas est à la merci des animaux qui peuvent éventuellement être attirés par les restes de repas (déposer les déchets frais au milieu du tas peut être une parade efficace).
- Le tas est exposé aux aléas climatiques, aux précipitations, au vent, à la sécheresse, au froid, qui ont pour conséquence de rendre le processus irrégulier.
- L’aspect esthétique peut être gênant pour le voisinage.
- Le processus de compostage est plus long.
Le compostage en bac
Aussi appelé « bac à compost » ou « silo à compost », il est adapté à tous les jardins. Il se présente sous la forme d’une structure en bois, en métal ou en plastique. Il contient un volume réduit de déchets et limite l’assèchement ou le refroidissement. Il peut être plus ou moins ouvert sur l’extérieur.
Avantages :
- Prix modéré (un composteur en plastique ou en bois coûte entre 50 et 100€), à savoir qu’il est facile de le fabriquer avec des matériaux de récupération et que beaucoup de communes en mettent à disposition gratuitement ou à prix réduit.
- Les déchets sont à l’abri des aléas climatiques, ce qui assure une décomposition homogène pour l’ensemble de la masse.
- Les composteurs fermés placent les déchets hors de portée des animaux.
- Nécessite peu de place.
- Le processus de compostage est plus rapide.
Inconvénients :
- Il convient uniquement pour les petits volumes.
- Pour que le compostage en bac fonctionne correctement, il faut y consacrer du temps. Le fait que le composteur soit fermé ne signifie pas que le compostage se fasse seul, il faut le surveiller pour éviter ses dérives (sécheresse, pourrissement…).
- Le brassage est moins aisé dans un composteur.
Choisir l’emplacement de son compost
Le tas ou le composteur sera placé ni trop près ni trop loin de la maison, pour combiner facilité d’accès et agrément. Un endroit caché, à mi-ombre et à l’abri du vent est idéal.
A ne pas faire : le placer en limite de propriété (ce qui pourrait gêner les voisins) et le mettre dans un creux où l’eau pourrait s’accumuler.
Que puis-je mettre dans mon compost ?
Tous les déchets biodégradables sont compostables. Cependant, quelques déchets demandent des précautions particulières :
- Les déchets très durs (tailles, branchages, os, noyaux, coquilles, trognons de choux…) sont très longs à composter, il est préférable de les réduire, voire de les broyer avant.
- Le carton, les boites d’œufs… devront être coupés en petits morceaux pour faciliter sa décomposition.
- La viande et le poisson peuvent être compostés pour autant qu’on place ces déchets hors d’atteinte des animaux et qu’ils soient placés de préférence au centre du tas.
- Les coquillages et les coquilles d’œufs ne se décomposent pas mais leur usure apporte des éléments minéraux et leur structure facilite l’aération dans le tas de compost.
« Tout ce qui vient de la terre y retourne ! »
Quels déchets ne peuvent pas être compostés ?
- Les matériaux synthétiques (plastiques, tissus synthétiques, verre, métaux…).
- Le papier glacé et le carton coloré doivent être évités.
- Le contenu des sacs d’aspirateur.
- Les bois traités chimiquement.
- Les excréments d’animaux carnivores (chiens, chats…) sont à proscrire pour éviter toute contamination par des maladies.
- La cendre risque d’étouffer le compost.
Choisir sa solution de compostage (sans jardin privé)
Le lombricompostage
Aussi appelé « vermicompostage », est un procédé de compostage hors-sol grâce à l’activité de vers, idéal pour les appartements. Il peut être placé à l’intérieur comme sur un balcon (attention toutefois aux variations de températures).
Un lombricomposteur est une superposition de plusieurs bacs qui sont percés pour permettre aux vers de circuler entre les différents niveaux. Les déchets sont déposés dans le bac supérieur qui est en contact avec les vers, ceux-ci se nourrissent des déchets et leurs déjections forment le lombricompost qui se retrouve dans la partie inférieure. Sur les lombricomposteurs du commerce, un robinet est souvent intégré en partie basse afin de recueillir l’engrais liquide (le lombrithé).
Avantages :
- Faible encombrement (environ 60 cm de haut et 40 cm de côté) et aucunes odeurs.
- La dégradation des déchets par les vers est rapide (5 – 6 mois suffisent).
- Production d’engrais gratuit, le lombricompost (engrais solide) peut être utilisé pour rempoter les plantes d’appartement et le lombrithé (engrais liquide) peut être utilisé pour l’arrosage (le diluer à 10 %).
- Possibilité de s’absenter plusieurs semaines.
Inconvénients :
- Le lombricompostage est un peu plus coûteux à mettre en place, il faut compter entre 80 et 150€ pour le matériel et 30€ pour 500g de vers rouges « Eiseinia » (à savoir qu’il est possible de réduire le coût en fabriquant soi-même son lombricomposteur, il existe aussi des « pots de fleurs composteurs » beaucoup plus esthétiques mais aussi beaucoup plus cher).
- L’éco-système du lombricomposteur est fragile (surtout les premiers mois), il faut veiller à ne pas commettre d’erreur qui engendrerait de mauvaises odeurs ou la présence d’insectes nuisibles (afin que la décomposition à l’intérieur du lombricomposteur se passe pour le mieux, il est important de bien respecter un taux de déchets humides de 60 %, comme des épluchures ou du café, et un taux de 40 % de déchets secs, comme du papier ou du carton).
- Tous les déchets de cuisine ne peuvent pas être compostés.
- Pour certaines personnes, il est possible que la compagnie des vers ne soit pas la bienvenue…
Choisir l’emplacement de mon lombricomposteur
Les vers doivent être placés à une température comprise entre 18 et 25°C. Idéalement, le lombricomposteur se trouve dans la cuisine, au plus près de la production de résidus à composter.
Que puis-je mettre dans mon lombricomposteur ?
- Restes et épluchures de fruits et de légumes (attention aux épluchures de pommes de terre qui germent et se décomposent lentement).
- Coquilles d’œufs mixées (très bon pour réguler le pH).
- Marcs et filtre à café (très bon pour la reproduction des vers).
- Sachets de thé (en supprimant les agrafes!).
- Papiers et cartons non glacés (obligatoire pour l’équilibre carbone/azote).
Quels déchets ne peuvent pas être compostés ?
- Sont contre indiqués : les agrumes (trop acide), poireaux, oignons, échalotes (les vers n’en sont pas friands).
- Rhubarbe et ail sont vermifuge.
- Les produits laitiers apporte des mauvaises odeurs.
- Viandes et poissons attirent les nuisibles.
Un peu plus à lire : retour d’expérience d’une utilisatrice
Le bokashi
Tout droit venu du Japon, le bokashi (signifiant « matière organique fermentée ») est une méthode alternative au lombricompostage. C’est un contenant de la taille d’une poubelle, muni d’un couvercle hermétique et d’un robinet.
Le processus qui s’opère avec le compostage bokashi est une lacto-fermentation (ou fermentation lactique) sans air, par l’activité de micro-organismes comme des bactéries par exemple. Voici la marche à suivre :
- Couper les déchets en petits morceaux, puis saupoudrer une dose d’activateur de bokashi.
- Répéter l’opération jusqu’à ce que le composteur sois plein, puis saupoudrer deux doses d’activateur.
- Conserver le seau fermé durant deux semaines afin de laisser le contenu fermenter.
Avantages :
- Simplicité d’utilisation et demande peu de place.
- Composte presque tous les déchets de cuisine cru ou cuit (contrairement au lombricomposteur).
- Le processus de fermentation est très rapide (moins d’un mois).
- Seau hermétique donc pas de risque de mouches ou d’insectes.
- Compter environ 70€ pour l’achat du seau bokashi et prévoir un stock d’activateurs de fermentation (une dizaine d’euros pour un sachet d’1 kg qui durera environ 6 mois).
- Production d’un compost ultra-riche et d’un jus de fermentation parfait comme engrais (à diluer à 1/100).
Inconvénients :
- Mauvaises odeurs lorsque l’on ouvre le couvercle.
- Nécessité d’avoir deux seaux bokashi pour continuer à composter durant la phase de maturation.
- Les déchets fermentés doivent être enterrés durant 1 mois avant de pouvoir être utilisés.
- Impossible de s’absenter plus d’une semaine, l’engrais liquide s’accumulerait et ferait pourrir le contenu du seau.
Quels déchets ne peuvent pas être compostés ?
- Les agrumes, jus de fruits, lait et vinaigre (l’acidité tuant les micro-organismes).
- La peau d’avocat qui ne composte pas.
- Les essuies-tout, mouchoirs jetables.
- Les litières pour chat et excréments.
Un peu plus à lire : retour d’expérience d’une utilisatrice

Comment utiliser le compost ainsi obtenu ?
Un compost devient mûr entre 6 et 18 mois (entre 5 et 6 mois pour le lombricomposteur), il se caractérise par un aspect homogène, une couleur sombre, une odeur de sous-bois et une structure grumeleuse. Il ne contient pas ou très peu de vers. Dans un compost mûr, vous n’arrivez plus à identifier les déchets de départ, à l’exception des déchets qui se décomposent difficilement.
C’est très différent pour le bokashi, ce n’est pas encore du compost. Pour que le processus se termine, il faut mélanger le contenu du bokashi à de la terre (1/3 bokashi pour 2/3 de terre), au bout d’un mois vous obtiendrez du compost qui pourra être utilisé comme amendement dans les plantes.
Les bienfaits du compost :
- Protège la terre de la sécheresse en été et du gel en hiver
- Aère le sol et facilite ainsi le travail de la terre
- Enrichi le sol et stimule la croissance des plantes
- Augmente la capacité de rétention d’eau du sol et réduit le lessivage par la pluie
Le compost peut donc être utilisé en paillage (au pied des arbres et des plantes), mélangé à la terre du potager en tant que fertilisant ou lors du rempotage de fleurs et plantes vertes ou lors de la plantation d’arbres fruitiers et d’arbustes, à l’installation de pelouse et pour son entretien… C’est ainsi que des déchets deviennent une ressource en or !!
Aujourd’hui, le compostage est une pratique traditionnelle pour 62 % des Français, mais pour des centaines de milliers d’autres ça ne l’est pas du tout, par manque de volonté ou de solution. La loi prévoit que d’ici 2023 tous les particuliers disposeront d’une solution pratique de tri à la source de leurs biodéchets.
La loi de transition énergétique pour une croissance verte (LTECV) prévoit une généralisation du tri à la source des biodéchets d’ici 2025 « pour que chaque citoyen ait à sa disposition une solution lui permettant de ne pas jeter ses biodéchets dans les ordures ménagères résiduelles, afin que ceux-ci ne soient plus éliminés, mais valorisés. » Dans ce cadre, « la collectivité territoriale définit des solutions techniques de compostage de proximité ou de collecte séparée des biodéchets… » Art L541-1 du Code de l’environnement. La directive européenne déchets, réduit le calendrier d’application du tri à la source à 2023.
Même si les conditions de mise en application restent encore floues, c’est une bonne nouvelle car les choses commencent à bouger au niveau des collectivités avec parfois la mise en place d’une collecte en porte à porte (mais cette solution est très coûteuse et induit du transport), la multiplication des points d’apport volontaire avec des zones de compostage partagé (en pied d’immeuble ou à l’échelle d’un quartier) et des incitations au compostage domestique (distribution de matériel, sensibilisation, formation…). On peut aussi compter sur l’alimentation animale (merci notamment aux poules!), le chauffage avec le bois sec, la valorisation des déchets verts du jardin (lire l’article à ce sujet)…
Les solutions sont là ! Alors autant changer nos habitudes dès à présent !
Un peu plus à lire :
- Page Wikipédia très détaillée sur le compostage
- Découvrir le Réseau Compost Citoyen
- Tout savoir sur le lombricompostage
- Tout savoir sur le bokashi
