La nature, dans toute sa générosité, nous offre une grande diversité de plantes sauvages comestibles et médicinales. C’est juste là, sous nos yeux, est totalement gratuit. Un trésor dont j’ai pris conscience lors d’une initiation à la cueillette. Depuis, je rêve d’être capable de me soigner et de me nourrir avec les plantes qui m’entourent, dotant plus que je vis dans un environnement d’une grande richesse. J’ai déjà pu acquérir quelques bases mais dans la pratique je n’ose pas, par crainte de me tromper ou de mal faire. Petit partage à travers cet article…
UNE ACTIVITÉ ANCESTRALE
Durant des millénaires, nos ancêtres ont fait la cueillette de plantes sauvages. Une utilisation quotidienne leur a appris à connaître les plantes tendres et savoureuses, ainsi que les modifications de leurs propriétés avec les saisons, savoir comment les conserver, les effets des plantes sur l’organisme… Les connaissances ainsi accumulées se sont transmises de génération en génération. Ce savoir précieux leur a permis de se soigner et de garantir leur survie.
Mais il y a eu comme une rupture dans la chaîne de transmission ! Avec le développement des productions industrielles, ce savoir a totalement été marginalisé. N’est-il pas temps aujourd’hui de se réapproprier ces connaissances ?
LA RÈGLE ESSENTIELLE DU CUEILLEUR
S’il y a une seule règle à retenir dans la pratique de la cueillette des plantes sauvages, c’est d’être absolument certain·e de l’identification des plantes cueillies pour les consommer.
AUTRES RÈGLES DE BASE
- Éviter les plantes proches de lieux pollués tels que les bords de route, les décharges, les champs ou jardins cultivés en non bio, les plantes recouvertes de parasites, champignons microscopiques, …
- Ne pas cueillir de plantes rares / d’espèces protégées, ni dans des zones de végétation spéciales / zone protégée.
- Ne pas arracher les plantes quand ce n’est pas nécessaire et prendre uniquement les parties dont tu as besoin (feuilles, fleurs, graines). Laisser au moins 2/3 de la population. Ne prendre qu’une petite partie de chaque pied lorsque c’est possible, en laissant les plants les plus forts, afin de ne pas entraver leur cycle de vie et de co-évolution avec l’écosystème.
- Suivre le rythme des saisons et récolter la partie de la plante où se concentre l’énergie : les racines en hiver, les feuilles au printemps, les fleurs en été, les fruits en automne.
- S’il fallait choisir un moment pour la cueillette : après évaporation de la rosée du matin dans l’optique du séchage, après un épisode de pluie pour une consommation en direct.
LES PEURS A RATIONALISER
- L’empoisonnement → concernant les plantes les plus communes, il en existe environ 4000 variétés, seulement une dizaine sont vraiment mortelles, il suffit donc de bien savoir les reconnaître (attention toutefois car certaines plantes peuvent avoir certains effets indésirables si elles sont ingérées en trop grande quantité)
- La maladie du renard → chiens et chats peuvent aussi en être porteurs, il y a donc plus de chance de la croiser au potager
- La douve du foie → il s’agit d’un parasite pouvant être présent dans le foie des vaches et des moutons, donc il vaut mieux éviter la cueillette en aval de zones à vaches/moutons et humides (sinon bien laver les plantes et les consommer cuites)
- La pollution → elle est partout autour de nous (pesticides, métaux lourds, hydrocarbures…), éviter les zones les plus polluées (certaines plantes sont indicatrices de zones polluées) et quoi qu’il en soit il est primordial de systématiquement laver les plantes cueillies
Les plantes sauvages et leur usage médicinal
LES PRÉCAUTIONS A PRENDRE
Chaque personne réagissant différemment, il faut toujours tester une plante avant d’en faire un usage intensif. Il faut également faire attention aux interactions possibles avec un traitement médical, une prise de pilule… De même qu’au moment de la cueillette, il ne faut pas mélanger les plantes car il peut y avoir des interactions entre elles.
Il est préférable d’utiliser autant que possible les plantes fraîches (ex mâcher et appliquer) car elle perdent de leurs propriétés à chaque étape de transformation (séchage, cuisson, …).
CONSERVATION ET UTILISATIONS
> Le séchage
C’est la meilleure méthode de conservation.
Le mieux est d’avoir un séchoir solaire, mais une superposition de cagettes ou des paniers entreposés dans un endroit bien aéré, sec et à l’abri de la lumière directe, peuvent faire l’affaire. Il est aussi possible de suspendre par les pieds des bouquets, mais dans ce cas attention à la poussière.
Compter 3 jours en été et environ 3 semaines de séchage en hiver. Il est préférable de bénéficier de l’énergie du soleil mais un séchage au four n’est pas impossible. Au final, la plante doit être souple (pas trop craquante), odorante et encore un peu colorée.
Conserver les plantes séchées dans des sachets en papier, des sacs en tissu ou des boîtes cartonnées pour qu’elles continuent de respirer. Elles peuvent se garder plusieurs années mais préférer 1 an max.
> Infusion, décoction et macération
Toutes ces méthodes ont pour but d’extraire les constituants de la plante pour les faire passer dans un liquide.
Une infusion, c’est mettre en contact une plante (très souvent séchée) directement avec de l’eau chaude durant un temps donné, généralement quelques minutes (c’est le sachet de thé que l’on plonge dans sa tasse d’eau bouillante).
Une décoction, c’est mettre en contact une plante (là aussi séchée) dans de l’eau froide, puis de porter le mélange à ébullition quelques minutes.
Il faut bien différencier la tisane plaisir qui a un bon goût (infusion) de la tisane soin (décoction) qui n’est pas forcément agréable en bouche (possibilité de rajouter du miel, mais pas de sucre).
Tisane soin
Mettre une pincée de plantes dans 250 ml d’eau froide. Faire chauffer le mélange. Retirer du feu avant ébullition et laisser infuser 5/10 min.
Pour les textures plus épaisses telles que des racines ou des écorces (ex : cannelle ou poivre), faire bouillir l’eau pendant 5/10 min et laisser infuser 10/15 min à feu éteint.
Dans tous les cas, couvrir durant l’infusion pour garder les propriétés des plantes.
Être attentif·ve à la posologie.
Une macération, c’est mettre en contact une plante, fraîche ou séchée, dans de l’eau froide durant plusieurs heures ou plusieurs jours (12h, 24h, 78h…). C’est la méthode utilisée pour préparer les eaux florales ou des purins pour le jardin par exemple.
D’autres solvants, comme de l’huile, de l’alcool pur ou un mélange d’eau et d’alcool, peuvent être utilisés pour réaliser une macération : c’est les macérats huileux ou les alcoolatures.
> Les macérats et cérats
Pour la réalisation de macérats huileux, on utilise des plantes sèches (la moindre trace d’humidité pouvant faire rancir le tout) et de l’huile d’olive ou de tournesol vierge, bio et de première pression à froid (plus stables, d’autres huiles peuvent être intéressantes à l’usage mais elles rancissent plus vite). Seul le Millepertuis peut être utilisé avec des fleurs fraîches.
Les macérats peuvent être utilisés en usage externe (ex : brûlures, piqûres) ou en massage, ils servent aussi de base pour les baumes (cérats), il suffit alors de rajouter environ 50% de cire végétale pour solidifier le mélange (possibilité d’intégrer du beurre végétal, de la pectine ou de l’agar agar en fonction de la texture recherchée).
Macérat huileux
Déposer les plantes dans un bocal en verre, les recouvrir d’huile, fermer le bocal avec un tissu fin pour favoriser la respiration (si fermeture avec un couvercle, penser à l’ouvrir et à essuyer l’humidité tous les jours). Laisser macérer 45 jours à la chaleur du soleil dans un endroit à l’abri du vent et de la pluie. Couvrir le pot pour éviter la lumière directe.
Au bout des 45 jours, filtrer le tout dans un tissu et serrer au maximum pour en extraire toute l’huile.
A conserver dans un contenant en verre opaque, à l’abri de la lumière et dans un endroit tempéré. Un macérat peut se garder jusqu’à 10 ans, si ça pue c’est foutu !
> Les alcoolatures
Il s’agit de plantes fraîches qui macèrent dans de l’alcool (eau de vie, vin, rhum, cognac, vodka, alcool de fruits, vinaigre 30°… mais attention, pas d’alcool de pharmacie !), pendant 30 jours à l’abri de la lumière, avant que le mélange soit filtré. A noter que c’est l’eau de vie de raisin qui dégrade le moins la plante. L’alcool démultipliant le pouvoir de la plante, les alcoolatures s’utilisent avec seulement quelques gouttes sur la langue ou en cataplasme.
> Les teintures-mère
Proche des alcoolatures, le procédé est beaucoup plus strict et encadré. La teinture mère est la base de la majorité des médicaments homéopathiques (gouttes d’alcool sur des granulés de sucre) et est régulièrement utilisée en phytothérapie, ce qui la rend très codifiée et soumise à des contrôles stricts par les laboratoires.
Mon expérience des plantes sauvages
C’est lors d’un séjour d’initiation à l’agroécologie, que j’ai eu l’occasion de participer à une 1/2 journée découverte des plantes sauvages avec cueillette, préparations culinaires et dégustation. Pas très intéressée de prime abord, ce fut pourtant une révélation ! J’ai été agréablement surprise par les différentes saveurs et surtout bluffée par l’effet de satiété procuré (une plante dite « sauvage » est 7 fois plus nutritive qu’une plante cultivée!). Je pensais mal digérer toute cette verdure alors que pas du tout, bien au contraire !!!


Suite à cette expérience, j’ai fait d’autres cueillettes accompagnées avec La Bardane 07 et j’ai suivi le MOOC botanique de Tela Botanica.






Voilà quelques bases concernant l’utilisation que l’on peut faire des plantes sauvages. Je ne rentrerai pas plus dans le détail sinon ça deviendrait vraiment trop long tellement le sujet est riche ! Peut-être que cet article t’aura donné envie d’aller plus loin et d’en apprendre plus sur les propriétés des plantes. En tout cas le printemps et l’été sont les saisons idéales pour s’initier alors n’hésite plus, fonce !
Pour aller plus loin :
- Tela Botanica, réseau des botanistes francophones
- MOOCs proposés par Tela Botanica
- Chaîne YouTube Le Chemin de la Nature
- Le plus intéressant étant de participer à des journées découvertes, stages, formations…
