Gaz, électricité, fioul… Depuis plusieurs mois, la France fait face à une augmentation des tarifs énergétiques aussi forte que continue, ce qui n’est pas sans conséquences sur le porte-monnaie. Après un rapide état des lieux, cet article abordera les petits gestes du quotidien qui peuvent faire la différence. Mais le plus efficace pour réduire la facture est d’entreprendre des travaux de rénovation énergétique (faut-il encore en avoir la possibilité, nous sommes bien d’accord!!). Ce sera l’occasion d’introduire le concept de « négawatt ».
La consommation mondiale d’énergie est restée très longtemps stable lorsque l’homme n’utilisait l’énergie que pour sa survie et ses besoins alimentaires. A partir de 1850, la révolution industrielle a provoqué une augmentation brutale des besoins en énergie. Celle-ci n’a cessé ensuite de croître de façon explosive sous l’effet conjoint de l’augmentation du niveau de vie et la croissance simultanée de la population. Actuellement, la demande mondiale d’énergie croît de 1,5 à 2 % par an en moyenne. Elle a tendance à ralentir dans les pays industrialisés, mais augmente toujours dans les pays émergents.
Quelles sont les énergies les plus consommées dans le monde ?

Le pétrole est principalement consommé en Asie-Pacifique et en Amérique du Nord (60,3 % de la consommation mondiale).
La consommation de charbon diminue dans les pays de l’OCDE mais augmente dans les pays émergents, particulièrement en Chine et en Indonésie.
Le gaz naturel est très dominant dans la CEI (anciennes républiques soviétiques) et au Moyen-Orient. Sa consommation a augmenté de 2 % au niveau mondial.
Énergie et pollution
La consommation d’énergies fossiles est une des principales sources de la dégradation de l’environnement :
- Les gaz qui augmentent l’effet de serre sont principalement issus de la combustion des carburants fossiles, de l’activité industrielle et de la déforestation.
- Certains gaz utilisés pour la production de froid et la climatisation des habitations et des automobiles provoquent une dégradation de la couche d’ozone.
- Les pluies acides sont une forme de pollution atmosphérique causée par les oxydes de soufre et les oxydes d’azote, gaz principalement issus des usines et des automobiles qui acidifient les nuages et retombent sous forme de pluies qui affectent les écosystèmes.
- Les déchets nucléaires issus de la production d’énergie atomique représentent un risque pour les générations futures, certains restant en activité pendant des milliers d’années. A l’heure actuelle, aucune solution n’a été trouvé pour les retraiter de façon satisfaisante. Ni l’enfouissement ni le stockage ne peuvent être considérés comme durablement fiable.
- La déforestation à des fins de production d’énergie est une des principales causes de la désertification des sols.
Des ressources limitées et épuisables
La production d’énergies fossiles (charbon, gaz, pétrole) représente encore aujourd’hui plus de 80% de la production totale d’énergie primaire dans le monde. Or, les réserves énergétiques de la planète ne sont pas inépuisables : au rythme de consommation actuel, le pétrole va arriver à épuisement d’ici à 54 ans, le gaz d’ici à 63 ans, le charbon d’ici à 112 ans et l’uranium d’ici à 100 ans (pour les ressources identifiées).
Par ailleurs, les réserves sont inégalement réparties, entraînant ainsi une dépendance forte de nombreux pays, avec les conséquences que cela peut avoir en terme de coût d’approvisionnement.
Seule l’utilisation de toutes les formes d’énergies renouvelables (solaire, éolien, hydraulique, bois et biomasse) et une augmentation de l’efficacité énergétique permettront d’éviter de piller définitivement notre planète.
Efficacité énergétique et négawatts
On le comprend, en matière d’énergie, l’état des lieux est accablant. Or nous continuons à produire et à consommer toujours plus. Est-ce inévitable ? De nombreuses réponses existent, simples, de bon sens, immédiatement applicables par tous. Elles se fondent sur l’efficacité énergétique => réduire à la source la quantité d’énergie nécessaire pour un même service, mieux utiliser l’énergie à qualité de vie constante.
Par exemple, le seul fait de concevoir une habitation en tenant compte de l’orientation (et donc de l’ensoleillement) diminue de 15 à 30 % les besoins de chauffage, et donc la consommation d’énergie. Tout comme on fait des économies d’énergie en utilisant des ampoules basse consommation. On parle alors de « production de négawatts ».
Le négawatt est une unité théorique de puissance (exprimée en watts) mesurant une puissance économisée. Cette économie est le résultat de la sobriété énergétique (changement de comportement) ou d’une efficacité énergétique améliorée (changement de technologie).
Loin du retour à la bougie, cette démarche vise à faire la chasse aux watts inutiles grâce à une utilisation plus efficace de l’énergie, et de recourir judicieusement aux énergies renouvelables.
Il existe dans nos maisons de véritables « gisements de négawatts » : ils se cachent dans l’isolation, le chauffage, l’eau chaude sanitaire, l’éclairage et tous les appareils électroménagers… Comment partir à la chasse aux économies d’énergie?
1) Bien concevoir son projet
Que ce soit pour une construction neuve ou une rénovation, c’est pendant la phase d’étude d’un projet que l’on réalise les plus fortes économies d’énergie. Il suffit d’appliquer quelques principes simples : tenir compte de l’environnement (soleil, vent, végétation), capter et stocker le soleil (inertie thermique), isoler avec soin, profiter au mieux de la lumière du jour, utiliser au mieux la ventilation naturelle… On parle de conception bioclimatique.
2) Bien choisir les matériaux
Les propriétés des matériaux utilisés pour les murs, le sol, les fenêtres ont une influence directe sur la consommation énergétique. Par leur qualité isolante bien entendu mais aussi du point de vue de l’inertie thermique (capacité à atténuer les variations de températures), la performance acoustique (meilleur confort sonore) et la qualité hygroscopique (permet à l’habitation de respirer et bien évacuer l’humidité). Il est aussi important de s’intéresser à leurs qualités environnementales : leur fabrication nécessite-t-elle beaucoup d’énergie ? Ne se fait-elle pas au détriment des ressources ou d’espaces naturels ? Ces matériaux sont-ils recyclables ? Dégagent-ils des émissions toxiques ?…
3) Se chauffer sans gaspillage
Choisir le système de chauffage le mieux adapté à son habitation n’est pas chose simple et souvent le coût d’investissement reste le seul critère de choix. Or le rendement, le prix de l’énergie, le confort thermique ou l’impact sur l’environnement sont tout autant de facteurs essentiels.
4) Ventiler au juste débit
Le renouvellement de l’air intérieur permet avant tout de satisfaire nos besoins en oxygène et de limiter la pollution intérieure (odeurs, fumées, substances toxiques). Ça a aussi pour fonction d’évacuer la vapeur d’eau produite par nos activités.
5) Rafraîchir simplement
Sous nos latitudes, être obligé de climatiser une habitation est le signe d’un défaut de conception. Un logement bien conçu, suffisamment isolé, correctement orienté et disposant de protections solaires n’a pas besoin d’être climatisé. Il faut avant tout bien se protéger de la chaleur, utiliser la fraîcheur de la nuit, amortir les variations de chaleur grâce à des matériaux lourds.

6) L’éclairage efficace
Utiliser au maximum la lumière naturelle et utiliser des lampes performantes à basse consommation.

7) Les appareils économes
Se demander combien consomment nos différents appareils électro-ménagers en conditions normales d’utilisations ? Faire attention aux appareils très voraces en énergie et adopter des éco gestes.
8) Eau et énergie
Tout comme l’énergie, la consommation d’eau n’a fait qu’augmenter ces dernières années, il est devenu impératif de réapprendre à ne plus gaspiller. Il faut tout d’abord adopter, dans notre vie quotidienne, des gestes simples, l’on peut ensuite installer différents appareils économiseurs (limiteurs de débit, WC à double capacité) et enfin il faut choisir avec soin le système de production d’eau chaude (poste important de dépenses).

Voilà dans les grandes lignes quelques pistes d’actions pour faire des économies d’énergie. J’espère que tu ne seras pas frustré·e que je n’aille pas plus dans le détail mais le sujet est tellement vaste et passionnant que j’y consacrerai probablement d’autres articles. Si tu ne peux attendre, je te conseille le livre « La maison des [néga]watts » de Thierry Salomon et Stéphane Bedel (éditions Terre Vivante, 1999), sur lequel je me suis largement basé pour l’écriture de cet article. J’ai d’ailleurs appris que la publication de celui-ci a été le préambule à la création de l’association drômoise « négaWatt » dont j’aurai également l’occasion de reparler une prochaine fois.
Et sache que tu peux très facilement passer aux énergies vertes en choisissant Enercoop, l’électricité y est garantie 100% renouvelable et 0% d’origine nucléaire grâce à un approvisionnement en direct auprès de plus de 300 producteurs partout en France. Nous n’avons pas encore sauté le pas mais nous y pensons de plus en plus !…
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