Voilà quelques semaines que le mot « sobriété » est sur toutes les lèvres. On nous rabâche à longueur de journée qu’il va falloir faire attention à notre consommation énergétique pour éviter les coupures cet hiver. Étonnamment (pas), nous avons beaucoup moins entendu parler de sobriété lorsque le GIEC en faisait LA notion phare de son dernier rapport, les conséquences du changement climatique étant moins tangibles et semblant plus lointaines, jusqu’à cet été…
Quoi qu’il en soit, à manger de la sobriété à toutes les sauces, le mot prend une connotation totalement négative → c’est la sobriété subie, qui apparaît plutôt contraignante, imposée et difficilement négociable. Pourtant, la sobriété n’est pas forcément synonyme de privations et de restrictions, elle peut aussi être le fruit d’un choix volontaire → c’est la sobriété choisie. Petit tour d’horizon dans cet article, pour redonner un peu de positivité au mot sobriété !
DÉFINITION : Sobriété , nom féminin
- Sens 1 → Caractère de ce qui sobre, mesuré, modéré. Exemple : La sobriété économique, la sobriété énergétique. Synonyme : retenue, frugalité, modération, tempérance, pondération
- Sens 2 → Caractère de ce qui est simple. Exemple : La sobriété de la décoration. Synonyme : simplicité, discrétion, dépouillement
- Sens 3 → Caractère d’une personne sobre, qui n’a pas bu d’alcool ou très peu. Exemple : La sobriété est indispensable pour conduire un véhicule.
En lisant le 3ème sens de la définition, me vient tout de suite à l’esprit l’impression que notre société est dans un état de gueule de bois permanente !
Courir après le temps pour des choses futiles, céder aux diktats de la consommation, attendre une reconnaissance professionnelle qui n’arrive jamais, se faire passer pour quelqu’un d’autre, ne pas trouver de sens dans ce que l’on fait . . . . . . = > anxiété, perte de sommeil, dépression, burnout…
Adopter une vie plus sobre ne serait-ce donc pas la solution à tous les maux de notre société ?!! Sevrons-nous !!
Slow life et minimalisme
Le mouvement Slow a été initié dans les années 80 en réponse à l’accélération globale. Il invite à ralentir en douceur pour apprécier les moments simples et prendre le temps de vivre. C’est une véritable philosophie de vie qui consiste à vivre bien ancré dans le présent. Les principes sont de renouer avec la simplicité, prendre du temps pour soi (écouter son corps, mieux se connaître…), donner du temps aux autres (profiter en famille, créer du lien social, participer à la vie de sa commune…), se (re)connecter à la nature (mettre les mains dans la terre, intégrer des gestes éco-responsables, faire des activités en nature…), éveiller ses sens, développer sa créativité, savourer l’instant présent.
Le minimalisme est plutôt associé aux choses matériels. Être minimaliste c’est avant tout simplifier sa vie. C’est choisir de se débarrasser du superflu afin de se consacrer sur l’essentiel. C’est apprendre à se détacher des choses matérielles, et du pouvoir qu’elles exercent sur nous, faire de l’espace dans sa vie et dans sa tête, et, bien sûr, adopter un mode de consommation raisonné et, si possible, responsable.
Consommer moins, mais mieux
🎶 « Slooow, le monde est slooow…» 🎶
Le « slow » s’étend désormais à tous les domaines de notre vie, petit tour non exhaustif :
> La slow fashion
En opposition à la fast fashion, la slow fashion revisite notre manière de consommer la mode au profit de vêtements de meilleure qualité, éco conçus et durables.
Achetez moins, choisissez bien : c’est la maxime. Qualité, pas quantité. C’est la chose la plus écologique que vous puissiez faire. »
Vivienne Westwood, styliste engagée pour une mode éco-responsable
> Le slow tourisme ou slow travel
En opposition au tourisme de masse, pratiquer le slow tourisme c’est choisir de voyager en prenant son temps. Le slow tourisme promeut la déconnexion, la redécouverte de territoires de proximité (patrimoine historique, culturel et gastronomique), la rencontre et le partage avec les populations locales. La pratique incite aussi à des voyages plus écologiques, à faible émissions de CO², en se déplaçant autrement : à vélo, à pied, en transport fluvial ou encore en train.
> La slow cosmétique
La slow cosmétique milite pour une consommation alternative de la beauté. Prendre soin de soi avec des produits de qualité et bons pour sa peau. Aujourd’hui c’est aussi un Label indépendant gage de qualité.
> La slow food
En opposition à la fast-food, aux plats préparés et à l’agriculture industrielle, le mouvement slow food sensibilise les citoyens à prendre conscience de l’importance du goût et de la provenance de notre nourriture, tout en respectant l’environnement. La slow food encourage donc à consommer des aliments provenant de l’agriculture locale, afin de se réapproprier les plaisirs de bien manger.
Nous avons tous un droit fondamental au plaisir d’une nourriture de qualité, et par conséquent le devoir de protéger l’héritage de produits, de traditions et de cultures qui rendent ce plaisir possible.
Le mouvement slow food
> Le slow management
Le slow management est un ensemble de pratiques managériales alternatives destinées à créer des environnements coopératifs, stables et durables privilégiant l’épanouissement humain. Son enjeu est de remettre les hommes et les femmes au cœur des entreprises, en favorisant la collaboration humaine avant la performance à tout prix. Cela inscrit l’entreprise dans une ambition d’engagement, à tous les niveaux : responsabilité sociale de l’entreprise, développement durable, engagements éthiques, environnementaux, et de santé.
> La slow education ou slow school
Le concept de slow education est basée sur des approches d’enseignement socratiques, adaptatives et non normatives. Ça consiste à ajuster la vitesses des apprentissages et des activités à chaque enfant pour respecter le rythme qui leur est propre. A la maison se sera réveil en douceur, rythme adapté, usage des écrans limité, ne pas les surcharger en activités extra-scolaire, leur proposer des activités manuelles…
L’éducation requiert des moments sans activité : pour asseoir les apprentissages, il est nécessaire de s’amuser, rêver, s’émerveiller, regarder, méditer, parce que ce sont autant de moments qui permettent aux enfants (comme aux adultes d’ailleurs) d’élaborer et de récapituler. Ces moments doivent s’intégrer au temps scolaire.
Sciences Humaines N°239
> Le slow sexe
Le slow sexe vise à se reconnecter avec ses sensations, à faire monter le plaisir sans viser la performance et l’orgasme. Pratiquer le slow sexe c’est aller à l’encontre de ses images mentales, les mettre de côté pour saisir l’émulsion de sensations du moment. Le corps, ancré dans le présent, prend alors le dessus sur le cerveau.
Un peu plus à lire : Slow sex : qu’est-ce que c’est et comment le pratiquer ?
> La slow city
Même des villes entières deviennent slow avec la charte Cittaslow !
Un peu plus à lire : Slow city : et si la crise invitait les villes à ralentir ?
Nous pouvons donc choisir d’adopter un mode de vie orienté vers la décroissance et la sobriété heureuse (terme cher à Pierre Rabhi). Car oui, la sobriété peut être heureuse ! Une vie simple, un retour à la nature et aux choses essentielles, et trouver du sens dans ce que l’on fait, pour moi c’est ça le secret du bonheur ! De plus, ça fait du bien à la planète car nous réduisons ainsi notre dépendance à la société de consommation, nous nous éloignons de sa frénésie et de la modernité qui nous pousse à polluer et épuiser les ressources de la Terre.
On se comporte comme si la Terre n’existait pas. Comme s’il n’y avait pas d’équilibres sur cette planète, et comme si on pouvait, par nos techniques, tout transgresser.
La sobriété, ce n’est pas de vivre plus mal, c’est d’apprendre à vivre mieux, avec une empreinte écologique beaucoup plus petite.
Dominique Bourg, philosophe franco-suisse, spécialiste des questions environnementales
Mais que répondre à ceux qui prônent la liberté, et notamment celle de consommer ?
La liberté a pour limite ce qui ne nuit pas à autrui, or c’est ce qu’on fait. La manière dont nous, Occidentaux, avons répandu une illusion de l’accomplissement de soi par la consommation, ça a pour conséquence de détruire la vie sur Terre. Donc ce n’est pas de la liberté.
Dominique Bourg, philosophe franco-suisse, spécialiste des questions environnementales
Tiens, ça me rappelle un sujet du BAC de philo ! 😉
Quoi qu’il en soit, aller vers plus de sobriété est une démarche progressive, le changement ne se fait pas du jour au lendemain. La première étape est de prendre conscience que d’autres perspectives s’offrent à nous, et qu’au final ce n’est peut-être pas si mal !
Et pour terminer sur une touche d’humour, je te conseille la lecture de cet article : Top 20 des trucs que tu peux faire sans aucune sobriété

Encore un magnifique article,
Bravo Audrey 👍
Merci Alain !